Singulière image de sainte Marie-Madeleine, cette sensuelle figure
nue, sculptée vers 1515-1520 par Gregor Erhart, représente la pêcheresse
de l'Evangile en ascète mystique, vêtue de ses seuls cheveux et
portée au ciel par les anges.
Au cours de son histoire mouvementée, la statue, en bois de
tilleul polychrome, a perdu ses anges sculptés et quitté l'espace
de l'église augsbourgeoise sous les voûtes de laquelle elle était
suspendue. Mutilée et devenue oeuvre de musée, elle a acquis un
caractère quasi profane qu'il faut cependant nuancer.
La
conception de ce corps féminin audacieusement dénudé, aux
formes généreuses et aux proportions harmonieuses qui font écho
aux oeuvres de Dürer, s'accorde aussi parfaitement à l'expression du
contenu spirituel de l'image religieuse idéalisée selon la
tradition médiévale.
Gregor Erhart, le principal sculpteur d'Augsbourg au début du
XVIe siècle, maître de formation gothique mais ouvert aux nouveautés
de son temps, nous livre ici son chef-d'oeuvre, magistrale création de
l'humanisme nordique du Moyen-Age finissant, au seuil de la Renaisssance.