Collection Grog-Carven :
une centaine d'œuvres entrent au Louvre

L'arrivée de la collection Grog représente un événement majeur dans l'histoire des collections d'objets d'art du Louvre au XXe siècle.

René Grog (1896-1981), de nationalité suisse, vice-président d'Agfa-Gevaert en France, rassembla après la dernière guerre, en une trentaine d'années, l'une des deux plus grandes collections d'objets français du XVIIIe siècle constituées à notre époque. En 1973, M. Grog, très lié avec Pierre Verlet, alors conservateur en chef au département des Objets d'art, décida avec son épouse, Mme Carven, de pérenniser leur œuvre de collectionneurs en donnant - sous réserve d'usufruit - au Louvre ce qu'ils avaient réuni en matière d'objets et de peintures, et au musée Guimet leur collection de porcelaines de Chine. En 1989, Mme Grog abandonna l'usufruit d'un certain nombre de meubles, exposés depuis lors dans les salles du département des Objets d'art. C'est dès aujourd'hui près de la moitié de la collection qu'elle souhaite voir rejoindre les salles du Louvre, soit une centaine d'œuvres, dont certaines des plus spectaculaires.

Le mobilier d'ébénisterie, par exemple, est représenté chronologiquement par ses plus grands artistes et par des œuvres particulièrement significatives. Dans le domaine de la marqueterie Boulle, les deux grands bras d'armoire de Levasseur illustrent la façon dont on remploya, à la fin du XVIIIe siècle, des panneaux de meubles dus à Boulle lui-même. On peut dater à peu près de 1730 la commode de l'ancienne collection du baron Albert de Goldschmidt-Rothschild à Francfort, œuvre de transition entre le style Louis XIV et le style rocaille, sans équivalent dans les collections nationales. Sont datables un peu postérieurement, vers 1745-1750, la commode en laque de Criaerd et le beau bureau de M. Grog. Les trois meubles de Joseph de style grec, impressionnants par leur aspect architectural, la richesse des bronzes, la qualité de la marqueterie de fleurs, constituent un jalon dans l'histoire du mobilier français. Enfin, deux commodes de Saunier et un bureau plat de Montigny témoignent du mobilier néo-classique à un stade un peu plus avancé.

Mais la collection compte aussi de remarquables tapisseries, bronzes d'ameublement et peintures, en particulier des œuvres flamandes ou hollandaises des XVe, XVIe et XVIIe siècles, dont le chef-d'œuvre est la Vierge en majesté du maître du Feuillage en broderie.

Les objets de la donation Grog sont exposés dans les salles du mobilier au 1er étage de la cour Carrée (aile Sully).


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